
Nous, psyEN de Seine Maritime et de l’Eure, réunis régulièrement en stage syndical FO et encore aujourd’hui lundi 16 octobre 2023, avons pris connaissance des divers sujets concernant les conditions de
travail des PsyEN EDA et de leur avenir.
La loi de programmation des finances publiques 2024 a sans surprise été adoptée sans vote, à coup de 49-3.
Ainsi, comme pour la réforme des retraites et comme l’année passée, la loi est passée sans que le budget de l’École ne soit discuté à l’Assemblée nationale.
Le ministère de l’Éducation nationale, de la jeunesse et des sports s’énorgueillit d’« une hausse historique de 3,9 milliards d’euros » de son budget. Et pour cause, il alloue près d’un milliard d’euros en guise de revalorisation financière du métier d’enseignant : des primes pour des missions supplémentaires dans le cadre du Pacte en lieu et place d’une augmentation significative du point d’indice au regard de l’inflation. Avec l’attribution de 5 points d’indice en janvier 2024, soit une augmentation de 20 €, cette revalorisation annoncée à grand renfort de com’ n’est rien d’autre qu’un trompe-l’œil.
Le MENJ se targue également d’améliorer le taux d’encadrement, « du fait notamment de la création d’emplois d’accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH) », rémunérés au lance pierre malgré de maigres hausses de salaires arrachées l’année dernière. Et dans le même temps, il prévoit la suppression de 2 500 postes d’enseignants à la rentrée prochaine, après les 2000 postes déjà supprimés cette année !
Le gouvernement fait de la Jeunesse une de ses priorités en décidant « d’investir dans la jeunesse ». Pour cela, il compte « poursuivre la montée en puissance du SNU », doté de 160 millions d’euros pour 2024. Ainsi, il fait le choix d’une militarisation de la jeunesse, au service du « renforcement de sa résilience » notamment. Pour rappel, la résilience est la capacité d’un individu à supporter les épreuves de la vie. Pour cela en effet, rien de tel que de poursuivre, comme le fait ce gouvernement, le démantèlement des établissements sociaux et médicosociaux, entraînant des listes d’attente de plusieurs années pour des prises en charge en orthophonie, en psychomotricité, en psychothérapie, pour des suivis éducatifs, des places en SESSAD, IME et ITEP.
À l’école, plus de 1200 élèves attendent une place en IME ou ITEP (ou SESSAD IME ou ITEP) en Indre-et-Loire, 400 dans le Tarn, 400 dans l’Hérault… des dizaines attendent une place en ULIS dans de nombreux
départements… Voilà le bilan de l’école inclusive instaurée par Blanquer ! La conférence nationale du handicap 2023 fait « le constat que les équipes pédagogiques se trouvent parfois démunies pour répondre aux besoins des enfants », mais le ministère s’entête dans cette voie avec l’acte 2 de l’école inclusive et met à mal l’enseignement spécialisé et les RASED notamment : on ne compte plus les postes vacants non pourvus d’enseignants spécialisés (ESADP et ESADR) et de psychologues de l’Éducation nationale.
Par le maintien en sous effectifs de ces personnels, la volonté de l’administration est ainsi de les contraindre à fonctionner en Pôle Ressource, réduisant les enseignants spécialisés à un simple rôle « de pourvoyeur de ressources », au même titre que les EMAS, succédané d’accompagnement social et médico-social.
L’élargissement récurrent des périmètres d’intervention des RASED produit « une dispersion préjudiciable à l’efficacité de leur action ». Pour pallier les difficultés de recrutement de PsyEN, il est fait injonction aux PsyEN des autres secteurs de la circonscription ou des circonscriptions avoisinantes d’intervenir sur les dossiers « urgents », alors que sur nos propres secteurs de circonscription, nous ployons déjà sous une charge de travail insoutenable. L’administration nous enjoint de laisser en souffrance les enfants et les familles avec lesquelles nous travaillons au profit de ces « urgences ». Or, d’une part notre travail ne se résume pas à faire passer un test pour la constitution d’un dossier EGPA ou MDPH, il s’agit d’un travail de lien, avec les familles, les enseignants et les partenaires de soin. D’autre part, c’est faire peser sur les PsyEN la responsabilité de la priorisation des situations de nos secteurs que nous devons reporter et de la hiérarchisation des besoins.
Enfin, avec l’arrêté du 10 mars 2021, c’est une vision réductrice et neurocognitive du Sujet qui prévaut : il ne s’agit plus de « guérir » les sujets de leurs souffrances psychiques mais de les rééduquer, et de les intégrer socialement, non sans leur avoir plus ou moins prescrit un traitement médicamenteux, avec à la clé la constitution d’un dossier MDPH. Nous constatons dans nos pratiques que, sans approche psychodynamique de ce qui arrive à l’enfant et à sa famille, la situation reste figée et les multiples rééducations, dissociées les unes des autres et sans réflexion au sein d’équipes pluridisciplinaires, n’aboutissent pas. Jamais ne sont abordés l’agitation, le doute, l’angoisse… C’est ainsi méconnaître la spécificité de la souffrance psychique. À l’école, cette approche réductrice ne marche pas : les enfants demeurent en difficulté scolaire et en souffrance.
PsyEN, nous sommes en position d’acteur incontournable de la prévention et du dépistage. C’est encore nous qui accompagnons les familles dans la compréhension de ce qui arrive à leur enfant. Ces missions nous sont de plus en plus déniées au profit du traitement de ces dossiers MDPH.
Le nombre de dossiers MDPH gonfle ainsi de manière démesurée. Le cadre de l’école inclusive nous paraît bien inadapté : à l’école, ce sont les RASED qui sont les plus à mêmes d’accompagner les élèves en difficulté. À l’extérieur, ces enfants ont besoin de prises en charge en termes de soins, accessibles à tous, dans une approche pluridisciplinaire.
Pour toutes ces raisons, nous invitons les collègues à rejoindre le SNUDI FO et revendiquons avec la FNEC FP FO :
- le maintien des PsyEN comme fonctionnaire d’État au sein du ministère de l’éducation nationale et création de postes en nombre suffisant permettant d’avoir des RASED complets pour 800 élèves et la création de postes de PsyEN remplaçants ;
- le strict respect des missions et des sectorisations ;
- l’ouverture et la création de places à hauteur des besoins dans les établissements sociaux et médicosociaux ;
- le retrait de l’arrêté du 10 mars 2021 et respect des statuts particuliers des psychologues, et notamment
le respect de la pluralité des méthodes, outils et orientations théoriques ; - l’abrogation de la loi 3DS
- l’abandon des PIAL ;
- le retrait du pacte,
- l’augmentation immédiate de la valeur du point d’indice de 10%, pour tous, sans contrepartie, et
l’ouverture des négociations pour un rattrapage de la perte du pouvoir d’achat depuis les années 2000 ; - l’abrogation de la réforme des retraites.