Déclaration de la FNEC FP FO
Mutilés, massacrés, tués : des milliers d’enfants et de personnes subissent encore la guerre en Palestine. C’est notre rôle en tant qu’organisation syndicale de se placer du côté de la paix !
La FNEC FP-FO ne peut pas se taire sur le massacre en cours. Elle exige l’arrêt des bombardements et le cessez-le-feu immédiat. Plus qu’un tweet de la part de notre président, c’est l’arrêt des livraisons d’armes, notamment par l’état Français, qu’il faudra pour arrêter le carnage, dans ce conflit comme dans tous ceux que connait le monde en ce moment.
La rentrée 2024 suscite de vives craintes quant à la dégradation des conditions de travail, que ce soit à cause des réformes que le gouvernement veut mettre en oeuvre contre l’avis de la majorité des organisation syndicales, ou à cause du manque de personnels toutes catégories confondues.
Ce n’est pas la perspective de la réforme de la fonction publique que prépare le ministre Guérini avec la disparition des catégories A, B et C, la facilitation du licenciement des fonctionnaires et la généralisation du salaire au mérite qui vont permettre une meilleure attractivité de la fonction publique. Ce n’est pas non plus la réforme de la formation des enseignants et des concours avec des “stagiaires alternants” rémunérés à hauteur de 900€ par mois ou des étudiants fonctionnaires stagiaires M2 surchargés d’exigences multiples qui permettront de remédier à la crise du recrutement.
Et pourtant, l’argent existe pour les services publics, en particulier dans l’Education Nationale. Mais cet argent ne sert ni à créer des postes dans toutes les catégories, ni à améliorer les conditions de travail des personnels et d’apprentissage des élèves. Il est utilisé pour le CNR, pour le pacte (qui, rappelons-le, n’est pas une augmentation des salaires), pour l’uniforme, pour le SNU, pour les kits des jeux olympiques, pour la réforme de la voie pro… autant de mesures qui n’améliorent en rien la situation des personnels.
Pour en revenir à l’objet de l’instance pour laquelle nous sommes réunis aujourd’hui, notre fédération souhaite attirer votre attention sur plusieurs inquiétudes soulevées par les personnels.
Les registres témoignent à nouveau des grandes difficultés des personnels liées aux inclusions systématiques et forcées et nous pouvons parler de tous les collègues qui ne font pas de fiches. Comment pouvons-nous rester insensibles face à tous ces collègues en souffrance dans les classes, liés à ces élèves sans accompagnement ou inclus de force dans nos écoles ? Combien d’élèves encore non accompagnés alors qu’ils sont notifiés ? Quelles réponses apporter aux collègues au bord de l’effondrement qui se font mordre, taper, insulter ? Notre fédération n’accepte pas que ces situations se normalisent avec l’acte 2 de l’école inclusive.
La destruction programmée des ESMS, tels qu’ils existent, pour les intégrer dans les structures ordinaires et transformer les personnels des ESMS en personnels ressources itinérants censés aider les enseignants à gérer les élèves à besoins particuliers ne va rien arranger. La FNEC FP FO ne cesse d’alerter l’administration sur les problèmes que posent le manque de structures d’enseignement spécialisé, sur le fait que cela prive les élèves concernés de leurs droits, et sur l’incapacité structurelle de l’administration à concilier la nécessité d’accueillir tous les enfants à l’École et celle de protéger la santé physique et mentale de ses salariés. Pour la FNEC FP-FO, l’Acte 2 de l’École Inclusive et la fermeture des ESMS vont dégrader encore plus les conditions de travail des personnels. Ce qu’il faut, c’est le maintien et la création des places nécessaires dans les établissements sociaux et médicosociaux.
Pour pallier le manque de professeurs, en particulier pour mettre en oeuvre les groupes en français et mathématiques, le gouvernement ne prévoit pas assez d’ETP (2300 prévus contre 6000 ETP selon notre estimation). Étant donné les résultats aux concours dans ces deux disciplines, il n’y aura pas assez de professeurs sous statut à la rentrée et d’autres pistes sont explorées, toutes sur la voie de toujours plus de déréglementation et de contractualisation ; le recours à des professeurs récemment retraités; puiser dans le 1er degré avec une campagne complémentaire de détachement, y compris pour contourner le mouvement inter-académique; le recours accru aux contractuels, souvent livrés à eux-mêmes, sans formation ou alors avec une formation à moindre coût en demandant à des collègues de s’occuper d’eux contre une rémunération famélique; recours à des professeurs associés non diplômés.
Comment d’un côté prétendre “élever le niveau” des élèves et de l’autre ne pas mettre les moyens nécessaires pour un recrutement de professeurs formés, sous statut, avec la création des postes nécessaires ? Le gouvernement voudrait détruire l’École de la République et organiser la fuite vers le privé qu’il ne s’y prendrait pas autrement. Pourtant, le vivier de professeurs potentiels existe bel et bien, en particulier dans le 1er degré si on en juge par les résultats au CRPE ces dernières années. La FNEC FP-FO demande le recrutement de toutes les listes complémentaires et la création de tous les postes à hauteur des besoins.
La FNEC FP FO met en avant la colère et la souffrance des chefs d’établissements et des personnels sur cette réforme du choc des savoirs et ses répercussions sur les conditions de travail, en particulier pour les professeurs de mathématiques, de français, encore plus pour les TZR dans ces deux disciplines, mais aussi de sciences, de latin, de technologie etc… Déjà des tensions commencent à apparaître dans les équipes dans la crainte de se retrouver en sous service, de se retrouver en classe entière sur l’intégralité des heures d’enseignement, de se retrouver avec des emplois du temps à rallonge.
Les collègues du premier degré ne sont pas en reste puisque l’on s’attaque à leur liberté pédagogique. Les enseignants sont déjà sous le coup ; d’une pression qui ne cesse de s’accentuer, d’une absence de liberté quant au choix de leur formation, une charge de travail accrue avec l’arrivée d’évaluations nationales dans tous les niveaux au primaire, des évaluations d’écoles qui accentuent le temps passé à l’école…
Par ailleurs, les directeurs d’école seraient réunis par les chefs d’établissement en conseil de cycle 3 de manière à les associer pour trier les élèves et constituer les classes de 6ème. Dans le même temps, dans des départements, les IEN commencent à réunir les enseignants de cycle 3 pour qu’ils uniformisent leurs évaluations et appréciations afin de faciliter la constitution des groupes.
La FNEC FP-FO rappelle d’une part que les professeurs des écoles de la petite section de maternelle au CM2 n’ont aucune obligation de trier leurs élèves mais seulement de les évaluer. Le décret du 1er août 1990 relatif au statut des professeurs des écoles précise ainsi : « Ils procèdent à une évaluation permanente du travail des élèves et apportent une aide à leur travail personnel. ».
D’autre part, loi Rilhac ou pas, aucun texte règlementaire ne peut contraindre les directeurs d’école à participer à la mise en oeuvre des groupes de niveau et donc au tri social des élèves en 6ème. Les directeurs, de plus en plus surchargés de tâches et notamment en cette période de l’année, ont d’ailleurs bien d’autres préoccupations que de répondre aux convocations des chefs d’établissement pour mettre en oeuvre les contre-réformes ministérielles !
Dans le second degré des webinaires en mathématiques et en français pour promouvoir cette réforme ont été organisés. Les IPR, dont ce n’est pas le rôle, avaient pour mission de promouvoir la réforme. Tout a été organisé pour faire taire toute revendication : espaces de discussion fermés, formations uniquement descendantes et complètement hors sol voire mensongères (par exemple il a été affirmé que 80% des collègues seraient favorables à la réforme …). Depuis des pressions inacceptables sur les collègues sont exercées avec, notamment, des conseils d’enseignements avec présence d’IPR, dont ce n’est toujours pas le rôle, pour forcer à la création des groupes. Les enseignants et les parents d’élèves se sont mobilisés à de multiples reprises et par des moyens différents (grèves, assemblées générales de secteur, écoles et collèges morts …) car ils refusent cette réforme mortifère pour l’Education Nationale.
La FNEC FP FO demande l’abrogation de la réforme dite du « choc des savoirs » et soutiendra tous les collègues qui ne participeront pas à ce tri organisé par l’administration.
La FNEC FP FO