
Tout d’abord, la FNEC FP-FO renouvelle sa pensée pour notre collègue Dominique Bernard assassiné il y a un mois durant son service à Arras et pour nos collègues blessés (un professeur et un personnel de service). Elle renouvelle ses sincères condoléances et tout son soutien à la famille, aux proches, aux personnels et aux élèves de l’établissement dont elle partage l’effroi. Pour la FNEC FP-FO, cet évènement tragique souligne une nouvelle fois la nécessité de protéger, autrement que par des discours, l’Ecole publique et ses personnels. Nous serons attentifs à l’enquête de la formation spécialisée au sujet de ce drame et soutenons tous les collègues qui font l’objet de menaces et demandent légitimement à ce titre la protection fonctionnelle. Aussi, la FNEC FP-FO revendique que toutes les demandes de protection fonctionnelle soient accordées sans délai à tous les personnels concernés et que ces personnels soient accompagnés par des mesures concrètes sur le terrain. Au regard de dernières demandes qui ont été faites par plusieurs collègues, dans l’Eure notamment, et qui sont toujours sans réponses 2 à 4 semaines après leur envoi au rectorat, malgré nos relances, il reste bien un gouffre entre les déclarations solennelles et les actes.
La confédération FO, depuis sa création, considère que la solidarité entre les travailleurs au niveau international est le moyen de mener à la paix, que les intérêts qui mènent aux guerres ne sont pas ceux des travailleurs. FO exige un cessez le feu immédiat en Palestine, l’arrêt des bombardements sur la bande de Gaza et la fin du blocus. FO réaffirme sa solidarité envers les victimes civiles israéliennes et palestiniennes, envers leurs familles ainsi qu’envers les organisations syndicales avec qui elles travaillent. La confédération FO soutient tous ceux qui manifestent pour la paix, pour exiger un cessez le feu et une paix immédiate en Palestine, comme elle l’a fait et le renouvelle pour la guerre en Ukraine. FO réaffirme son combat contre toutes les formes de racisme, de xénophobie et toute idéologie de rejet de l’autre.
Ce CSA se réunit avec un ordre du jour portant sur le bilan de la rentrée, le Programme académique de formation et des revalorisations indemnitaires.
Concernant le bilan de la rentrée, les annonces ministérielles parlant de « choc des savoirs, de lutte contre le harcèlement, de faire de la voie professionnelle une voie d’excellence, de protection des personnels… » se heurtent à des faits têtus : 2 500 postes sont encore supprimés à la rentrée 2024, à grand coup de 49-3 ( le 17éme! ), qui s’ajoutent aux 2 000 postes supprimés en 2023 et aux 7900 postes supprimés dans le second degré durant le premier quinquennat. C’est dans ce cadre de pénurie de postes que des consignes ont été envoyées, en plein congés scolaires, concernant la «lutte contre le harcèlement : programme Phare et passation de questionnaires élèves ». Pour la FNEC FP-FO, la distribution de ces questionnaires dans la précipitation n’a aucun sens si on ne donne pas ensuite les moyens dans les établissements pour dépouiller, analyser mais surtout traiter les situations. Ce sont encore des activités chronophages prises sur le temps de cours, qui placent les personnels en première ligne. Pour la FNEC FP-FO, l’adhésion au programme Phare ne peut être obligatoire et ne relève en aucun cas des obligations de service des professeurs, ni des missions statutaires de chacun des personnels. Elle s’opposera à toutes pressions de la hiérarchie pour désigner des « volontaires ». Ce dont les élèves et les personnels ont besoin, ce ne sont pas de plateformes téléphoniques, de « coachs », de cours d’empathie, de programmes Phare, de grilles d’auto-évaluation… Ils ont besoin de postes d’infirmières, de médecins scolaires, d’assistantes sociales, d’enseignants, d’enseignants spécialisés, de PsyEN, de CPE, de personnels administratifs et de direction, du rétablissement des maîtres d’internat – surveillants d’externats, d’AED et d’AESH avec des statuts et de vrais salaires… il est inacceptable que les personnels, poussés au bout de leurs limites par des conditions de travail dégradées, soient encore désignés comme responsables et boucs émissaires. Pour l’académie de Normandie, nous demandons que tous les collèges aient au minimum un CPE à temps plein.
La FNEC FP-FO exige donc l’annulation des 2 500 suppressions de postes et la création des postes statutaires nécessaires. Ce dont les élèves et les personnels ont également besoin, c’est de maintenir les établissements sociaux et médico-sociaux et d’y créer les places nécessaires, c’est de stopper l’acte 2 de l’École inclusive qui prévoit de dissoudre ces établissements, à rebours de la situation catastrophique ayant cours actuellement dans les écoles et établissements. C’est d’abandonner immédiatement toutes les mesures qui remettent en cause le fonctionnement de l’École publique et le statut des enseignants : réforme des retraites, réformes du bac et du lycée, SNU, Parcoursup, évaluations d’école et d’établissement, loi Rilhac, réforme de la voie professionnelle.
Concernant cette dernière, les ministre Attal et Grandjean ont décidé de poursuivre le démantèlement de la voie professionnelle sous statut scolaire, des lycées professionnels et de ce qui fait leur force : une formation aux métiers couplée à une autre plus généraliste et citoyenne. Malgré une large intersyndicale opposée à cette réforme, c’est un recul sans précédent. Le gouvernement s’attaque, sur la base d’un constat erroné voire mensonger, au fondement même du lycée professionnel en déstructurant l’ensemble du cycle de bac pro, en particulier l’année de terminale. La FNEC FP-FO dénonce des objectifs purement utilitaristes et des conséquences sur les diplômes et les personnels : fermetures de postes, de filières, reconversions forcées, formations livrées aux intérêts privés. Sans parler des jeunes qui ne seront plus libres de construire leur projet professionnel.
Concernant le Programme académique de formation, il nous est présenté alors que le 24 juillet, le président de la République a annoncé que les enseignants seront formés « hors du temps de présence devant élèves ». L’objectif du ministère est d’atteindre 30% de formations hors face à face pédagogique au 1er semestre 2023-2024, 50% au 2ème semestre et 100% à la rentrée 2024. Le ministre de l’Education Nationale a également indiqué vouloir encore augmenter les formations hybrides, alors qu’elles représentent déjà 20% des formations. Les personnels n’en veulent pas, ils n’acceptent pas d’être renvoyés à se former seuls, chez eux, en « auto-formation » asynchrone, avec le cas échéant du « travail » à renvoyer ensuite. Encore une fois, ce sont les enseignants et à travers eux, les élèves, qui sont pénalisés. Imaginer que tout ce qui n’est pas temps devant les élèves est du temps libre montre une méconnaissance profonde et grave de la réalité du travail des enseignants. Ceux-ci n’en peuvent plus de la multiplication des charges qui leur sont imposées. Plus de classes à prendre en charge, avec plus d’élèves, et souvent des élèves à besoins particuliers, cela veut dire plus de préparations, plus de programmes, plus de réflexion pédagogique sur ce qui doit être mis en œuvre, plus de corrections… Le temps de formation en présentiel est un temps précieux qui permet des interactions non seulement du formateur vers les personnels formés, mais aussi entre tous les participants, et donc une réflexion sur les pratiques enrichie. Le distanciel rompt cette interaction, comme nous le savons tous et comme le confinement l’a hélas démontré. Et placer les formations « hors face à face pédagogique », c’est-à-dire systématiquement le mercredi après-midi, le samedi ou pendant les vacances, c’est non seulement enlever du temps de repos ou de travail aux collègues, mais également complexifier l’accès à la formation, en particulier pour les enseignants parents d’enfants en bas-âge. Cette décision est également vécue difficilement par les formateurs. Préparer une formation, c’est y consacrer beaucoup de temps et les formateurs savent bien que la décision du président de la République, va entraîner une désaffection des collègues vis-à-vis de la formation continue. En réalité, cette mesure destinée à pallier le manque de recrutement de professeurs remplaçants s’inscrit dans une politique d’affichage qui n’a que faire de la réalité de la situation vécue par les personnels. C’est purement et simplement une augmentation à la fois de leur charge et de leur temps de travail. La FNEC FP FO s’oppose aux formations hors temps d’enseignement et pendant les vacances. La FNEC FP FO revendique le droit à la formation continue choisie et sur temps d’enseignement, s’oppose aux formations-formatages et rappelle qu’aucune formation ne peut être imposée pendant les vacances, même avec rémunération.
Concernant les revalorisations indemnitaires, nous rappelons ce que la FNEC-FP-FO demande : permettre aux personnels frappés par une inflation sans précédent de bénéficier d’une augmentation immédiate de la valeur du point d’indice de 10%, ouvrir les négociations pour un véritable rattrapage du pouvoir d’achat perdu depuis 2000 (27,6%). La FNEC-FP-FO demande donc l’abandon du pacte. L’écrasante majorité des personnels a bien compris qu’accepter le Pacte, c’est conditionner l’obtention d’indemnités à des tâches supplémentaires et renoncer à ses droits statutaires.
Nous rappelons l’engagement du Ministre fait en CSA ministériel le 29 septembre dernier pour une concertation spécifique sur la revalorisation des personnels administratifs et techniques avant la fin de l’année pour une mise en œuvre en 2024. Le Ministre a précisé ne pas être fermé sur la part indemnitaire et que les discussions pourront porter sur les aspects indiciaires. Qu’en est-il ?
FO rappelle ses interventions en défense des services administratifs de l’académie et des conditions de travail des personnels administratifs. La situation fortement dégradée des services à la rentrée 2023 a gravement affecté leur santé, notamment les personnels de la DPA mais aussi dans d’autres services comme à la DPE et aussi dans les EPLE. Cette situation s’explique par deux choses : la mise en place de logiciels qui dysfonctionnent totalement comme RenoiRH et Opale et la fusion des académies de Rouen et de Caen, qui met en difficulté les personnels des services. Cette situation à la rentrée 2023 se concrétise par des problèmes majeurs : des salaires non versés pour 140 personnels (administratifs, AED ou AESH) en août et/ou en septembre, Les AED passés en CDI en septembre dans l’académie n’ont reçu un acompte que le 9 octobre. Les personnels contractuels en temps partiel thérapeutique ne reçoivent pas l’attestation de salaire indispensable pour avoir le complément de la MGEN. FO rappelle qu’ils sont un maillon essentiel pour le bon fonctionnement du service public de l’Education nationale. Sans les personnels administratifs l’Education nationale ne peut pas fonctionner. Nous demandons un point d’étape sur ces questions, nous avons adressé des questions diverses sur ces situations, auxquelles nous demandons des réponses.
Nous remercions les services de la DPA et de la DPE qui, en dépit du manque de postes et de remplaçants permettent que les modifications d’indemnités et de primes décidées par le ministère soient effectivement versées avant la fin de l’année aux collègues. L’augmentation du point d’indice serait moins chronophage et plus efficace en terme de revalorisation. Nous demandons des précisions sur les modalités d’octroi de la prime pour le pouvoir d’achat car les inégalités entre les personnels sont très importantes.